Aménagement hydroélectrique

Le barrage de Yaciretá (le « berceau de la lune » en langue guarani) est situé sur le fleuve Paraná à l’extrême nord de l’Argentine, à la frontière avec le Paraguay précisément. Il s’agit d’un barrage en terre de près de 70 kilomètres de long intégrant 4 ouvrages principaux en béton d’environ 3,4 millions de m3. Cette construction est composée d’une écluse de navigation de 236 mètres de longueur utile, d’un déversoir principal de 18 vannes-segment de 15 mètres de large chacune pour un débit de 55 000 m3/s, d’une centrale hydroélectrique de 20 turbines de Kaplan de 9 mètres de diamètre (production annuelle de 17 000 GWh) et d’un déversoir secondaire (sur le deuxième bras du fleuve Paraná) à vannes-segment, pour un débit de 40 000 m3/s.

CONTEXTE

Déjà, en 1958, le gouvernement Argentin pensait que la construction d’un grand barrage permettrait de développer et de faire progresser le pays. En effet, l’énergie hydroélectrique permet d’apporter de l’électricité à tout un pays pour un coût d’exploitation relativement faible. En outre, le Paraná est un fleuve qui avec ses affluents constitue le troisième réseau hydrographique du monde après ceux de l’Amazone et du Mississippi. Ce fleuve est donc un lieu propice à cette construction. L’idée de construire un barrage hydroélectrique sur le Paraná est née de la volonté d’accompagner l’Argentine dans son processus de développement économique, démographique et technologique. C’est pourquoi, en 1958, un accord est signé entre l’Argentine et le Paraguay en vue de la création d’une commission. Cette commission a effectué les études techniques et économiques de faisabilité qui aboutissent au projet de construction en commun du barrage Yaciretá.

TECHNIQUE

Le barrage comprend 3 digues et 2 barrages (dans les 2 bras du Paraná). Les digues sont du type terre et enrochements avec noyau imperméable d’une longueur de 70 kilomètres, et d’une hauteur de 43 mètres. Les remblais des digues représentent 70 millions de m3 de matériaux en majorité meubles.
Les ouvrages en béton, à savoir les 4 ouvrages principaux, atteignent un volume d’environ 3,4 millions de m3 de béton (50 % pour l’usine). Les 20 turbines équipant la centrale ont un débit turbinable de 730 m3/seconde unitaires pour une chute nominale de 21,3 mètres.
Les terrains rencontrés correspondent aux termes d’une série alluvionnaire classique comprenant tous les faciès argilo-sableux en passant par des graves et des limons jusqu’aux conglomérats. L’étanchéité du barrage de Yacyretá a nécessité la mise en œuvre de techniques propres aux fondations spéciales : paroi aux coulis, injections, sondages, puits, drains et ancrages. L’étanchéité a été faite par la constitution d’une paroi au coulis bentonite-ciment d’une épaisseur de 60 centimètres. Elle a été réalisée après décapage des terrains superficiels et mise en place partielle du noyau du barrage. La profondeur moyenne de la paroi est de 19 mètres, et reste comprise entre 10 et 35 mètres.
Au-delà des besoins en coordination et en logistique, le grand défi de ce chantier a résidé dans la fermeture du Rio Paraná, fleuve au débit impressionnant (jusqu’à 53 000 m3/s enregistrés) passant dans les 2 bras (1000 et 2000 m) de part et d’autres et de l’île de Yaciretá. La fermeture a été réalisée suivant la méthode combinée. Nous avons tout d’abord réalisé à 400 mètres à l’aval du batardeau de fermeture, un seuil immergé qui a permis de surélever le niveau amont, sans pour autant entraîner des vitesses importantes de la lame d’eau au-dessus du seuil. À la suite de quoi, un plan d’eau relativement calme s’est ainsi créé à l’aval du batardeau de fermeture.

Ce projet a permis à 7 500 personnes de travailler sur le chantier. En conséquence de quoi, plus de 20 000 personnes ont ainsi pu être logées, nourries, soignées, éduquées et diverties.

 

IMPACT

Yacyretá est l’un des plus gros barrages au monde. Situé sur le fleuve Paraná, deuxième plus grand fleuve d’Amérique latine, entre l’Argentine et le Paraguay, cet aménagement hydroélectrique gigantesque permet de répondre à plusieurs objectifs. Tout d’abord, il permet de produire de l’énergie électrique. Ensuite, il facilite le transport fluvial (une écluse permet d’assurer la voie vers le Brésil par surélévation du plan d’eau à l’amont du barrage). Enfin, il aide à la pêche ainsi que l’irrigation des terres agricoles.
L’équipement de la centrale a une puissance installée totale de 3 200 mégawatts. À travers chaque turbine Kaplan peuvent passer 2 630 millions de litres d’eau par heure, soit pour les 20 turbines, 52 600 m3 chaque heure. L’énergie produite annuellement est de plus ou moins 17 000 Gigawatts heures, soit plus de 50 % de la génération d’électricité hydroélectrique de l’Argentine.
La construction de ce barrage hydroélectrique permet alors d’accompagner parallèlement le développement économique démographique et technologique de l’Argentine et le Paraguay.

Experts du projet

Maître d’ouvrage
Entidad Binacional Yacyretá

Maître d’œuvre
Cidy – Harza – Lahmeyer & Partners

Chiffres clés

Dates d’exécution
décembre 1983 à juin 2001  

Bassin versant
1 million de km2

Débit moyen
11 900 m3/s

Crue historique
53 000 m3/s

 

Témoignage

« Pour que l’Argentine puisse progresser, nous devons développer au maximum ses possibilités au moyen de techniques modernes (…). L’eau est notre première et meilleure possibilité, aujourd’hui inexploitée. »

Comision Asesora de Planificacion Hidroelectrica, 1958