Extension du Port de la Condamine

Le projet d’extension du « Port Hercule » ou « Port de la condamine » a été formulé en 1999, avec pour objectif de positionner Monaco comme passage incontournable pour les croisières et yachts de luxe. Il comprend la construction d’un terre-plein de 1 hectare au pied du Fort Antoine auquel a été ancrée une digue par une rotule métallique, d’un quai préfabriqué (145 m de longueur), de 6 caissons en béton de rétention des terres, la réalisation d’une transition entre la digue et la côte, et d’un caisson culée supportant le joint articulé qui forme le point fixe de la digue. Ce port est l’un des rares ports de la Côte d’Azur en eau profonde. Cette caractéristique lui confère une vocation naturelle d’accueil des grands yachts. C'est pourquoi la solution retenue pour sa construction fait appel à des techniques spécifiques, respectueuses de l’environnement marin, développées et brevetées en principauté.

CONTEXTE

En 1901, le Prince Albert 1er institua une commission chargée de la construction d’un port susceptible d’offrir un refuge aux nombreux yachts de plaisance en hivernage sur la Côte d’Azur. Quand le port Hercule fut construit, les profondeurs d’eau rencontrées ne permirent pas de réaliser une jetée et une contre-jetée suivant le schéma classique assurant leur recouvrement et une protection suffisante du plan d’eau. Il fallut alors se contenter en partant de part et d’autre du rivage, de construire dans le même alignement 2 digues de 170 mètres de long offrant entre elles une passe de 100 mètres de large. Néanmoins, l’extension de ce port s’est avérée nécessaire pour plusieurs raisons. D’un part pour assurer une parfaite protection du plan d’eau contre les coups de vent d’Est. D’autre part, pour doubler la capacité d’accueil des bateaux de plaisance et créer un avant-port plus spécifiquement destiné aux paquebots de croisière. L’objectif est de faire de ce port une véritable tête ou fin de ligne pour les croisières de luxe.

TECHNIQUE

L’extension du Port de la Condamine comprend au total 3 réalisations. Cette infrastructure est d’abord composée d’un terre-plein de 1 hectare au pied du Fort Antoine. Ce terre-plein a été construit par remblaiement puis pose de 6 caissons. Ces caissons en béton, d’une hauteur de 10, 20 et 30 mètres pour un poids allant de 15 000 à 35 000 tonnes, ont été réalisés à partir de panneaux d’armatures ferraillés, puis coffrés. S’en est suivie la construction d’une digue semi-flottante de 30 mètres de large et 352 mètres de long fixée au terre-plein grâce à une rotule métallique. Outre, sa fonction première de protéger les eaux de l’avant-port et du port proprement dit, elle est destinée à l’accostage des paquebots côté port et côté large. Elle s’articule au terre-plein par l’intermédiaire du caisson de culée auquel elle est reliée par l’intermédiaire d’une énorme roue métallique. L’extrémité côté large est amarrée par 2 séries d’ancrages fixés à plus de 55 mètres de profondeur. La digue comprend à sa base 2 ailerons stabilisateurs de 8 mètres de large chacun, portant la longueur totale immergée à 44 mètres. Leur rôle est de s’opposer aux mouvements de roulis et de tangage. L’ouvrage émerge de 3 mètres côté port et de 6,6 mètres côté large. L’importance du volume immergé permet d’y loger 360 places de parking sur 4 niveaux et un port à sec, soit 25 000 m2 de stockage sur 2 niveaux. La tranquillisation de l’avant-port est assurée par la technique du « mur d’eau fixe », brevet déposé par la Principauté de Monaco. Le principe du « mur d’eau fixe » consiste à mobiliser l’inertie de la masse d’eau située entre la face intérieure d’un caisson et le fond de la mer qui se comporte alors comme un véritable mur sur lequel la houle incidente est réfléchie. Enfin, l’ouvrage est constitué d’une contre-jetée de 145 mètres, en appui à ses extrémités. Côté terre sur une culée et côté large sur un caisson pile. Elle permet de mieux abriter l’avant-port et de réaliser un bassin supplémentaire pour l’accueil de la grande plaisance. Il s’agit d’un ouvrage fixe, constitué d’un caisson en béton précontraint, qui émerge de 2 mètres.

Afin de tenir compte de l’exigence du client monégasque nous avons conçu un ouvrage ayant une durée de vie d’au moins 100 ans. Pour cela, il a fallu travailler avec des aciers pouvant atteindre 40 millimètres de diamètre pour les ferraillages et utiliser du béton haute performance, très fin et très compact.

IMPACT

Face à l’impossibilité d’extension de ses limites terrestres, la principauté de Monaco s’est toujours tournée vers la mer pour faire face à ses besoins de développement économique et d’extension de ses activités. Monaco était jusqu’à présent dans l’incapacité d’accueillir les « villes flottantes» de luxe sillonnant les mers du globe. Cette lacune a été comblée grâce à l’ambitieux programme d’aménagement dont fait l’objet le port de la Condamine. Outre la poursuite de cet objectif touristique et commercial, le projet permet également d’augmenter la protection du port contre la houle et de gagner sur la mer une importante surface de terre consacrée au développement immobilier. Le projet d’extension du port de la Condamine a ainsi permis de développer la plaisance et d’améliorer la politique d’accueil des bateaux de croisières de prestige (700 amarrages au lieu de 300, dont 110 réservés à des navires de taille comprise entre 20 et 100 mètres), de développer le paysage urbain et l’économie du quartier de la Condamine, et de remodeler le littoral. Enfin le recours à la préfabrication avant remorquage vers Monaco des différents ouvrages a permis, d’une part de limiter les nuisances d’un chantier réalisé sur le front de mer en site urbain, et d’autre part, de respecter l’environnement marin.

Experts du projet

Maître d’ouvrage
Principauté de Monaco – Département des Travaux Publics

Maître d’œuvre
Doris Engineering

Chiffres clés

Dates d’exécution
Octobre 1999 à avril 2003

Remblais hydrauliques
400 000 m3

Dragages
130 000 m3

Béton armé
41 000 m3

Grand port maritime de La Réunion

Le Port

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